Pierre Desproges,
(Wikipédia)
Né le 9 mai 1939 à Pantin, mort le 18 avril 1988 à Paris, Pierre
Desproges, est un humoriste français réputé
pour sonhumour noir, son anticonformisme virulent et son sens de l'absurde.
Sommaire
·
1. Biographie
Pierre Desproges, issu d'une
famille de commerçants de Châlus, était
un mauvais élève à l'école. Il
passe une partie de son enfance à Luang Prabang (Laos)
où son père enseigne le français avant de devenir professeur à Paris. Après une
scolarité et un baccalauréat sans grand relief, en 1959, il part pour vingt-huit
mois en Algérie où il doit accomplir un service militaire dont il garde un souvenir exécrable. Ne
sachant trop que faire pour gagner sa vie, il entreprend des études de
kinésithérapie qu'il abandonne assez vite, il écrit des photo-romans qu'il
confectionne avec ses amis (et qui sont publiés), il vend des assurances-vie
(qu'il rebaptise assurances-mort) puis des poutres en polystyrène
expansé.
2. L'Aurore
Il devient ensuite journaliste à l'Aurore où il entre grâce à son amie d'enfance, la
journaliste Annette
Kahn dont le
frère, Paul-Émile, était son condisciple au lycée Carnot à Paris.
Son chef de service aux informations générales, Jacques Perrier, qui n'aime pas
son humour et ne le supporte pas, le fait renvoyer. Il travaille alors dans le
journal hippique du même groupe de presse Paris
Turf. Lorsque Perrier est à son tour licencié, en 1968, Bernard
Morrot, qui est nommé pour le remplacer, le fait revenir à l'Aurore et
lui confie une rubrique de brèves insolites à l'humour acide que Pierre
Desproges appelle la « rubrique des chats écrasés ». Jugé un peu trop
caustique, il évite son licenciement grâce à Françoise
Sagan (qu'il
interviewera pour « le Petit Rapporteur ») qui écrit une lettre au
journal en affirmant qu'elle n'achète l'Aurore que pour la rubrique de Desproges.
Remarqué par ses confrères de la télévision, il devient chroniqueur dans
l'émission télévisée le Petit Rapporteur, sur TF1. Sa
prestation dans cette émission dominicale de Jacques Martin, au côté de son complice Daniel Prévost, demeure gravée dans l'esprit
des amateurs d'humour noir et de cynisme. Il
claque la porte car il est coupé de plus en plus souvent au montage. Après ces
oppressions, il se réinstalle à l'Aurore,
car il s'y sent mieux.
3. Radio, télévision
§ en 1978 et 1979,
il anime en compagnie de Thierry Le Luron l'émission
hebdomadaire les Parasites sur
l'antenne ;
§ en
1980 et 1981, il participe à Charlie Hebdo avec une
petite chronique intitulée Les
étrangers sont nuls ;
§ entre 1980 et 1983,
il est le procureur du Tribunal des flagrants délires en
compagnie de Claude Villers et de Luis
Rego. Ses féroces réquisitoires commencent invariablement par son
célèbre : « Françaises, Français, Belges, Belges, public chéri, mon
amour... » pour se terminer par une sentence sans appel :
« Donc, l'accusé est coupable, mais son avocat vous en convaincra mieux
que moi. » ;
§ il
anime en 1986 une
chronique quotidienne intitulée Chronique de la haine ordinaire,
où il s'en prend aux sujets le faisant bouillir, à travers des coups de gueule
de deux ou trois minutes environ.
Il assure également sur cette
chaîne, entre 1982 et 1984 (cent émissions), une chronique intitulée La Minute nécessaire de
Monsieur Cyclopède qui,
selon lui, divise la France en deux : « Les imbéciles qui
aiment et les imbéciles qui n'aiment pas. »
4. Sur scène
Il est mort d'un cancer le 18 avril 1988 et est enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris (division 10). Sa tombe est située juste en
face de Michel Petrucciani et non
loin de Frédéric Chopin, Claude
Chabrol et Mano Solo. Sa
maladie n'avait pas été rendue publique et malgré ses textes contenant des
références répétées au cancer, lui-même ne se savait pas atteint d'un cancer,
il a par la suite été opéré d'un nodule, mais a toujours évité d'en savoir plus
sur sa maladie.
5. Un humour grinçant
Célèbre pour son humour grinçant
mis en valeur par une remarquable aisance littéraire,
Desproges s'est notamment illustré avec des thèmes souvent évités, quoique mal
à l'aise face à certaines personnes, « stalinien
pratiquant », « terroriste
hystérique » ou « militant d'extrême-droite ». Comme
il le disait lui-même : « On peut rire de tout, mais pas avec tout le
monde ».
Ses traits d'humour révèlent généralement
un personnage bon vivant, individualiste et anticonformiste, bien
que sa prédilection pour les provocations destinées à prendre en permanence son
public à contre-pied des positions convenues le rende difficilement classable.
Il n'hésite pas à s'attaquer aux
sujets les plus sensibles avec une verve féroce.
Contrairement à ce que prétend la
légende, ce n'est pas lui qui a rédigé la dépêche annonçant sa mort (« Pierre
Desproges est mort d'un cancer. Étonnant, non ? » en référence à
la phrase de conclusion rituelle sur FR3 de La Minute nécessaire de
Monsieur Cyclopède), mais Jean-Louis Fournier, réalisateur de la Minute nécessaire et proche de Desproges. Au départ,
cette dépêche devait être « Pierre Desproges est mort d'un cancer sans
l'assistance du professeur Schwartzenberg », proposée par Hélène
Desproges. Mais elle a finalement renoncé à inclure cette précision afin
d'éviter d'éventuelles poursuites.
6.
Ses
thèmes favoris
Certains thèmes revenaient de manière
fréquente dans ses sketchs : les plaisirs hédonistes (les femmes, la bonne chère, le
vin, etc.), mais aussi le cancer, la mort sous toutes ses formes, ou
encore le nazisme, l'antisémitisme et toutes les formes de racismes sont parmi les sujets qu'il aborde
fréquemment. Certains éléments narratifs reviennent également, à la manière de gimmicks, dont
voici quelques exemples hautement ironiques :
§ son
individualisme viscéral, qui lui fait fuir instinctivement toutes les formes de
groupes, qui ne sont pour lui que des lieux où s'exprime la bêtise sous toutes
ses formes : « Quand on est plus de quatre, on est une bande de cons,
alors a fortiori moins de deux c'est l'idéal » ;
§ il
prend souvent Dieu à
témoin : « Dieu me tripote », « Dieu me turlute »,
« Einstein, Dieu ait son âme… et moi-même, Dieu lâche la mienne… »,
le remerciant parfois : « Merci mon Dieu » ;
§ il
parle de Hitler,
s'étonnant du sentiment général d'antipathie qu'il inspire, parlant alors du
« chancelier Hitler », se demandant si ce qui déplaît le plus aux
gens chez lui, « c'est le peintre ou l'écrivain »7 ;
§ idem
avec Himmler,
à qui il attribue des citations équivoques, comme « Qu'on puisse être juif
et allemand, moi, ça me dépasse, il faut choisir son camp. »8,
« On ne peut pas être à la fois au four et au moulin » ou encore
« Mieux vaut entendre ça que d'être juif » ;
§ il
fait référence à la Collaboration comme
« l'amitié franco-allemande », disant que c'était « un moyen
d'apprendre une jolie langue étrangère à peu de frais » ;
§ toujours
dans cette veine, il s'étonne de la disparition du nazisme, « tombé en
désuétude après 1945 »9 ;
§ il
s'en prend aux jeunes, et plus particulièrement « à leurs problèmes de
jeunes, quoi » tout en conseillant aux vieux « de mourir sans les
déranger » ;
§ les
auditeurs et lecteurs sont malmenés, « sous-doués végétatifs gorgés
d'inculture crasse et de Coca-Cola tiède »10,
« drogués de télévision »; « bande de légumineuses surgelés du
cortex » ;
§ l'armée
en prend également pour son grade, par exemple lors du réquisitoire contre Jacques Séguéla, où il profite de son
temps de parole pour asséner « En 1939 déjà, tout le monde, en France,
savait que le général Gamelin était
un con, sauf les militaires. C'est ça, un secret militaire. » ;
§ l'Académie française,
« gérontodrome » où les quarante « papy-la-tremblotte » se
réunissent, pour que chacun se « déguise périodiquement en guignol vert
avec un chapeau à plumes à la con et une épée de panoplie de Zorro »,
le tout afin de savoir « s'il y a un N ou deux à zigounette »11 ;
§ Julio Iglesias, Tino
Rossi (« le
jour de la mort de Tino Rossi, j'ai repris deux fois des moules »),
« roucouleur radiophonique », Francis Lalanne et le
groupe Indochine font
partie de ses têtes de Turc de la musique ;
§ Yves
Montand, dont il raille plusieurs fois dans ses
spectacles les prises de position politiques ;
§ viennent
également, en vrac : le Boléro de Ravel, dont il ne connaît
jamais l'auteur (« Mozart était tellement précoce, qu'à huit ans et demi,
il avait déjà composé le Boléro de Ravel... ! »; la paroisse Saint-Honoré-d'Eylau,
représentative du catholicisme bourgeois ; la « Tata Rodriguez »
et ses « improbables préparations à base de morue, envoyées par paquet fado »
à Luis
Rego ; la Troisième Guerre mondiale imminente ;
son amour des femmes (« plus je connais les hommes, plus j'aime mon
chien ; plus je connais les femmes, moins j'aime ma chienne ») qui
n'a d'égal que son amour des bons vins de Saint-Émilion, dont le Figeac 71 ;
sa haine du sport en
général et du football en
particulier, notamment du duel Saint-Étienne-Sochaux.
§
7. Œuvres
§ Le
Petit Reporter, 1981, (recueil des « En bref »
publiés dans l'Aurore. Presses de la cité. Nouvelle édition: le Seuil. (ISBN 2020490641) (ISBN 2020397145))
§ Grandes
gueules par deux, 1981, (textes, dessins de Ricord,
Morchoisme et Mulatier)
§ La
Minute nécessaire de monsieur Cyclopède, 1995,
(court textes) (ISBN 202026093X) (ISBN 2020314274) réédité
en 1999 ;
§ les
archives vidéo disponibles en DVD s'intitulent L'indispensable encyclopédie de
monsieur Cyclopède.
§ Les Réquisitoires du Tribunal
des flagrants délires en
deux volumes. (archives audio et vidéo, livres (ISBN 2020686260) (ISBN 2020685361) (ISBN 202068537X) (ISBN 2020628473)(ISBN 2020628589) (ISBN 2020638665))
§ Chroniques de la haine
ordinaire (livre (ISBN 202032041X) (ISBN 2020689057) (ISBN 2020130513),
archive audio)... ces chroniques sont séparées en 2 volumes.
§ Dictionnaire
superflu à l'usage de l'élite et des biens nantis (livre (ISBN 2020324369))
- couverture Alain Millerand (livre (ISBN 2-02-008658-1))
§ Pierre
Desproges, La scène (réédité
en double CD)
§
8. Posthumes
§ La
seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute (entretien
avec Yves Riou et Philippe Pouchain) (ISBN 2020505738) (ISBN 2020345536))
§ Pierre
Desproges en BD : Françaises, Français, Belges, Belges, lecteur chéri mon
amour (ISBN 2874420271)
9. Filmographie1976-1977 : Minichroniques, série
télévisée de René Goscinny et Jean-Marie Coldefy
10. Discographie (45 tours)
§ A
bobo bébé, Garima, 1977
§ Ça,
ça fait mal à l'ouvrier, RCA, 1986
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